Depuis quelques années, le marché du coaching est en plein essor. Il se professionnalise mais il est, paradoxalement, victime de nombreuses dérives qui nuisent à son image et peuvent tirer la profession vers le bas.
Absence de réglementation, méconnaissance de la supervision, faible degré d’expérience des intervenants, les zones de flou sont nombreuses pour les entreprises qui souhaitent faire appel à un coach professionnel et imposent une clarification. C’est un fait… la pratique du coaching présente de nombreux avantages tant pour les individus que pour les organisations. Dans un contexte de changements sociétaux et de guerre des talents, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers des coachs professionnels pour développer leurs collaborateurs. Comme l’indique la dernière étude de l’OPIIEC publiée fin 2022, elles ont une vision positive de cet outil dont l’efficacité s’est confirmée au fil des ans et qu’elles considèrent comme un véritable appui dans des phases de transformation de l’organisation. Le coaching s’ancre donc progressivement dans l’arsenal des outils RH. Avec pour conséquence un marché qui, en France, enregistre une croissance de 10 % chaque année !
Problème. À mesure que les entreprises formulent des besoins d’accompagnement, des individus peu scrupuleux – s’autoproclamant coachs – et qui n’ont pas été formés ou insuffisamment frappent à la porte. Ces personnes, qui n’ont ni l’ancienneté suffisante ni l’encadrement déontologique indispensable à la bonne pratique du métier, nuisent énormément à l’image de la profession. Et c’est l’étude OPIIEC, toujours, qui nous alerte sur les dérives, nombreuses, qui sont à l’œuvre. Elle pointe par exemple des réalités qui font froid dans le dos, parmi lesquelles : un manque criant d’expérience (50 % des coachs exercent depuis moins de 5 ans), un volume d’heures de pratique insuffisant pour être légitime (53 % des coachs pratiquent moins de 100 heures de coaching par an), un profond déficit de formation (seuls 62 % des coachs professionnels sont certifiés RNCP). Des chiffres qui forcément nous inquiètent mais qui auront au moins le mérite de permettre aux entreprises de prendre conscience de ce qu’est vraiment le coaching aujourd’hui et les inciteront à être plus vigilantes quant aux critères de sélection des coachs qu’elles font intervenir.
Payer le juste prix
Le tarif horaire, qui est le reflet d’un ensemble de compétences en matière de coaching, fait aujourd’hui débat. Tiré vers le bas depuis des années, il s’élève en moyenne à 240 euros selon l’OPIIEC. Un tarif à remettre en perspective dans le cadre de l’étude et qui ne doit bien entendu pas être considéré comme une référence par les entreprises car il cache une véritable polarité. Avec d’un côté, une surreprésentation des coachs indépendants qui pour vivre bradent leurs prix ou de juniors qui naturellement pratiquent des tarifs adaptés à leur niveau d’expérience. Et d’un autre côté, des coachs seniors, certifiés RNCP, justifiant de 150 à 200 heures de coaching par an et de +/- 10 heures de supervision chaque année, se formant régulièrement à de nouveaux outils et approches, et qui affichent des tarifs se situant au-delà des 400 euros, en totale cohérence avec la qualité de l’accompagnement proposé, mais qui ne représentent que 10% des 15.000 coachs en activité.
Une supervision indispensable
Dès lors qu’ils sont signataires d’une charte de déontologie, les coachs professionnels s’engagent à faire superviser leur pratique. C’est un prérequis à l’exercice de la profession. Cependant, comme le révèle l’OPIIEC, 20% des coachs révèlent ne pas y recourir et seuls 35 % suivent plus de 5 heures de supervision individuelle par an. Et le plus souvent, par des superviseurs qui se sont eux-mêmes attribués ce statut, non formés donc, et qui ne justifient pas de l’expérience nécessaire pour faire progresser le coach supervisé. Un non-sens à nos yeux, car la supervision est incontournable pour pratiquer de façon professionnelle et éthique ce métier dans la durée. Elle est également un véritable garde-fou pour les entreprises, qui doivent impérativement intégrer dans leurs critères de sélection la délivrance par le coach professionnel d’une attestation de supervision (avec un minimum de 8h par an).
Une pratique irréprochable
En s’intéressant à ce métier en pleine mutation, pratiqué par 33 000 professionnels formés, l’étude de l’OPIIEC offre aux acteurs du conseil l’opportunité de mieux qualifier les profils de coachs qu’ils suggèrent à leurs clients. Car, n’oublions pas que nous avons une responsabilité forte vis-à-vis des hommes et des femmes que nous accompagnons. C’est souvent la carrière de ces derniers que nous avons entre nos mains. Un devoir qui implique d’avoir une pratique irréprochable ! Chez Grant Alexander par exemple, nous avons une démarche d’accompagnement structurée et nous ne faisons intervenir que des coachs avec une expérience opérationnelle significative en tant que cadre supérieur et/ou dirigeant, certifiés, signataires d’une charte de déontologie, justifiant d’une dizaine d’années d’expérience et régulièrement supervisés. Une vigilance accrue quant à la qualité des intervenants qui, si elle est partagée par l’ensemble des acteurs du marché, devrait contribuer à rendre la pratique du coaching plus professionnelle et plus lisible pour les clients ces prochaines années, pour le bénéfice de tous !
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