Une responsabilité sociétale des entreprises
L’espérance de vie s’allonge, la natalité est en chute libre. Résultat : la France vieillit. D’après l’INSEE, en 2030, 1 Français sur 3 aura plus de 60 ans. Ce constat, nous le connaissons, il alimente légitimement nos débats sur le grand âge, la fin de vie, la pérennité de notre système de retraites par répartition.
Il y a pourtant un angle mort dans nos réflexions, c’est l’impact de cette évolution démographique sur le marché de l’emploi. Nous parlons beaucoup des retraités (et à juste titre !), mais nous oublions les actifs. C’est regrettable car 2025 va marquer un nouveau pic de vieillissement sur le marché du travail : toujours d’après l’INSEE, 35 % de la population active aura cette année entre 50 et 64 ans. Nous ignorons cet aspect du problème d’autant plus facilement que la moitié des personnes de cette tranche d’âge sont sans emploi et échappent donc à nos radars. Une étude de septembre 2023 pointait d’ailleurs le fait que la majorité des DRH affirmait avoir déjà écarté d’emblée les candidatures de profils seniors sur demande de leur direction. Aussi la France est-elle, de ce point de vue, l’un des pires élèves de l’Union Européenne.
Les entreprises ne peuvent se tenir éloignées d’une question de société aussi importante et structurante que le vieillissement de la population. Elles ont leur rôle à jouer. D’aucuns objecteront que le sujet de l’emploi des seniors est déjà traité. Oui, mais assez mal en réalité et surtout il l’est par le biais des obligations législatives et réglementaires, du coût financier… Bref, toujours sous un angle négatif. Il nous faut changer de perspective et embrasser avec volontarisme cette transition.
Nous devrons, pour cela, affronter l’une des discriminations les plus tangibles de nos sociétés, et pourtant tellement ignorée dans nos démarches de diversité et d’inclusion : l’âgisme. Une part importante de ma génération et des suivantes porte en elle nombre de préjugés et de stéréotypes. Les moins de 40 ans constituent souvent l’un des principaux obstacles au lien générationnel, prompts à vilipender les « boomers » sans prendre conscience de ce qu’ils peuvent leur apporter de positif.
[…]